interview très intéressante sur
notre unique voix de Bugs Bunny !
http://www.arte.tv/fr/max-la-menace-ent ... 83868.htmlMax la menace - Entretien avec Guy Piérauld
LA VOIX DE SON MAX
Entre 1968 et 1969, son timbre nasillard a fait se gondoler la France au fil des (més)aventures de Max la Menace, calamiteux espion inventé par Mel Brooks
Entretien avec Guy Piérauld, inimitable agent doublage, qui a aussi prêté sa voix à Bugs Bunny et à Woody Allen.
Max la menacezoom
© ARTE / © TaurusMedia
Max la menace
Votre voix a marqué une génération de téléphages. C’est une trouvaille d’acteur ?
Guy Piérauld : En partie seulement. J’ai débuté à 16 ans et demi au théâtre, en 1940, quand un metteur en scène chassé de Paris par l’occupation allemande m’a choisi pour partir en tournée. N’ayant pratiquement pas été formé, je me suis cassé une corde vocale en forçant, un soir, sur un enrouement. Après la guerre, j’ai continué dans le métier mais on me faisait sans arrêt des remarques sur mon étrange voix fêlée. Et pour aborder les filles, c’était un supplice. Grâce à un “placeur de voix” de la Comédie-Française, j’ai appris à porter la voix sans me fatiguer, en m’entraînant pendant des heures avec un crayon dans la bouche. Cela a donné ce timbre nasal assez comique, qui m’a valu pas mal de rôles, à la radio et dans le doublage, mais aussi au théâtre, à la télé et même dans l’opérette !
Avez-vous eu plaisir à doubler Max la Menace ?
J’avoue qu’en découvrant le premier épisode, j’ai trouvé le héros un peu triste, avec son air complètement à côté de la plaque, et j’ai tâtonné pour trouver le ton juste. J’ai eu l’idée d’exagérer son côté ringard, de le rendre encore plus idiot que dans la version originale. Et là, je me suis vraiment amusé, le public aussi, je crois. Il suffisait que je braille “Oui, chef !” pour que les gens se tordent de rire. Quand Don Adams [qui joue Max dans la série] est venu à Paris, il m’a dit qu’il aimait beaucoup cette interprétation libre. La seule difficulté, c’était de ne pas rire à certains gags vraiment drôles, car Max reste toujours sérieux comme un pape.
Cela vous a manqué, quand la série s’est arrêtée ?
Pas vraiment, parce que parfois, dans la rue, cette image de crétin était un peu envahissante – moins que Bugs Bunny, quand même, là les gosses ne me lâchaient pas. Le doublage, ça faisait bouillir la marmite, mais ce que je préférais, c’était me retrouver sur une scène de théâtre – comme dans Le jeu de l’amour et du hasard, de Marivaux, qu’on a joué des dizaines de fois à l’Athénée, grâce à une critique enthousiaste de Jean Anouilh. J’ai tout fait, dans ce métier, depuis vedette américaine au Châtelet jusqu’au Miel et les abeilles, la série d’AB Productions, dans les années 1990. Tout le monde avait déjà le portable vissé à l’oreille, alors moi, entre deux prises, pour passer le temps, je faisais semblant de téléphoner avec mon stylo ! Bref, il était temps de partir. Mais le métier, oui, il me manque toujours.
Guy Piérauld
Né à Lyon en 1924, de parents italiens immigrés (son vrai nom, Di Piro, a été changé par un directeur de théâtre au début de sa carrière),
Guy Piérauld a été durant soixante-cinq ans un comédien tout-terrain.
Outre Bugs Bunny et Max la Menace, l’un de ses rôles doublés les plus célèbres est celui de Woody Allen dans Prends l’oseille et tire-toi (1969).
Propos recueillis par Irène Berelowitch
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